Canton envoyé spécial
C'est une révolution culturelle, une vraie. Le marché de Xinyuan, à la périphérie de Canton, était autrefois un des lieux les plus animés de la ville, avec ses centaines de vendeurs de serpents, de tortues, de civettes et autres animaux sauvages qui faisaient la joie des consommateurs de cette métropole du sud de la Chine. Aujourd'hui, Ye Yousen, un jeune commerçant dont la carte de visite proclame qu'il vend «tortues, civettes et cochons sauvages», se morfond comme tous ses collègues : le commerce de ces animaux a été interdit après les premiers cas de syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). L'épidémie est jugulée mais la mesure reste en vigueur. «Nos traditions alimentaires ont plusieurs milliers d'années, et nous avons confiance dans ce que nous mangeons. La preuve, nous mangeons ces animaux et nous ne sommes pas malades, au contraire, ça nous rend plus forts», s'insurge le jeune commerçant.
Le problème est que des chercheurs, à Hongkong et à Shenzhen, ont découvert la présence du coronavirus, à l'origine du Sras, dans la civette, un mammifère aux allures de gros chat tigré, et trois autres animaux sauvages qui font partie de la gastronomie cantonaise traditionnelle. Cette découverte conforte l'hypothèse d'un passage du virus de l'animal à l'homme, envisagée depuis l'apparition de la pneumopathie atypique aux environs de Canton en novembre dernier. Les vendeurs de civettes et de serpents n'y croient pas : «Il n'y a pas eu un seul cas de Sras sur ce m