Monrovia envoyée spéciale
Le portail rouillé grince, des herbes folles poussent devant le bâtiment, un sombre escalier mène au deuxième étage, les fenêtres sont brisées et tous les bureaux vides, à l'exception d'un seul. Dans une grande pièce sommairement meublée un bureau, deux chaises, quelques dossiers en vrac sur le sol , un agent accrédite les journalistes. Bienvenue au ministère libérien de la Communication. «Un ministre dans ce pays, c'est quelqu'un qui a un téléphone mobile, une voiture et un bureau dans un immeuble vide des blocs administratifs», ironise un expatrié à Monrovia.
Les bâtiments ministériels reflètent l'état de l'Etat. Constellé d'impacts de balles datant de la première guerre civile, celui des Affaires étrangères ressemble à une ruine commémorative. Du linge sèche aux fenêtres du ministère des Affaires internes, squatté par des dizaines de familles. Impayés, les fonctionnaires se sont pour la plupart évaporés. «Dans les moments difficiles, le ministre de la Santé est parfois aussi le seul chirurgien en ville», rapporte-t-on à MSF. Lors de l'offensive des rebelles du Lurd, début juin, le Président est monté au front. Certains ministres ont passé leur treillis. L'Etat retourne à la culture du bush.
Dépotoir. Difficile pourtant d'ignorer la recommandation inscrite à l'entrée du centre-ville : «Le Liberia est tout ce que nous avons. Chérissons-le, nourrissons-le, réconcilions-le.» «Avant 1989, nous avions la paix ici... mais depuis, il ne nous est plus ri