Hongkong envoyée spéciale
«Politiquement apathiques : c'est le genre de termes que les médias étrangers ont longtemps utilisé pour décrire les Hongkongais», déplore une jeune fonctionnaire. Mais, depuis que plus d'un demi-million d'entre eux ont investi les rues de Hongkong le 1er juillet pour protester contre un projet de «loi antisubversion», ils ont chamboulé les clichés. Ils ont forcé lundi dernier leur dirigeant, Tung Chee-hwa, à reporter le vote de la loi, prévu le 9 juillet. Jamais, dans l'histoire de cette ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, la population ne s'était mobilisée en si grand nombre pour faire respecter ses droits, confirme le parlementaire Lee Cheuk-yan. En tant qu'ancien du Parti démocrate, le secrétaire général de la Confédération des syndicats de Hongkong, et l'un des membres fondateurs du Civil Human Rights Front (le collectif ayant orchestré la campagne contre la loi), a été de la plupart des combats politiques depuis vingt-cinq ans. Combats inégaux car pendant des années n'y ont pris part qu'une poignée d'associations de défense des droits de l'homme, d'organisations religieuses, et certains médias.
Surprise. Pour la première fois, la manifestation du 1er juillet a mobilisé une très vaste palette de la population hongkongaise, dont les classes aisées : artistes, étudiants, avocats, médecins, enseignants, commerçants. Beaucoup étaient venus à l'appel de leur syndicat ou corporation, mais bien plus encore c'était là la vraie s