Bassora envoyé spécial
C'est un petit bout de tuyau qui émerge de la boue séchée. Un morceau de caoutchouc blanc d'où s'écoule un mince filet d'eau. Dans ce quartier déshérité de Bassora situé en bordure de la route qui descend vers le Koweït, près de 2500 personnes dépendent de cette unique source d'eau, un raccordement sauvage à une canalisation voisine. Le liquide qui en sort est loin d'être pur, mais les familles n'ont pas d'autre choix pour boire, se laver ou nettoyer leur vaisselle. Construit il y a treize ans, leur lotissement n'a jamais disposé de l'eau potable. A l'aube, les femmes font donc la queue pour remplir casseroles et récipients de fortune avant de regagner leur domicile.
Raccordements sauvages. «Le régime de Saddam ne s'est jamais occupé de nous, explique Adil, qui vient juste d'achever ses ablutions près du tuyau qu'il a lui-même installé. Auparavant, j'avais effectué un autre raccordement sur une canalisation d'eau potable, mais il a cessé de fonctionner lors de la dernière guerre.» Selon le jeune homme, tous les enfants du quartier souffriraient de diarrhée. «Nous savons que l'eau n'est pas saine, mais que pouvons-nous faire d'autre ?», dit-il en levant les bras au ciel. En Irak, une simple bouteille d'eau minérale coûte plus cher qu'un litre de pétrole.
A Bassora, les raccordements sauvages de ce type ne se comptent plus. La principale ville du Sud irakien, située sur les rives du Chatt el-Arab, a soif depuis des années. Mais ce déficit chronique s'est en