Phnom Penh envoyé spécial
Il est 11 heures dans l'usine Xinglong, dans la banlieue nord de Phnom Penh, et des centaines d'ouvriers et d'ouvrières sortent en courant sous la pluie battante pour la pause de la mi-journée. Assis sur des tabourets brinquebalants, ils avalent goulûment une assiette de riz agrémenté de pâte de poisson, protégés de l'averse par quelques plaques de tôle ondulée. Personne ou presque ne parle ; après quatre heures devant leur machine à coudre, ces jeunes hommes et femmes, tous venus des campagnes environnantes, ont le regard vide et l'air épuisé. Enfants de paysans, ils n'ont guère l'habitude du rythme astreignant des usines de textile, devenues en quelques années la principale industrie du pays et le pilier de l'économie cambodgienne.
Electeurs potentiels. A la veille des élections législatives de dimanche, les partis politiques se sont évidemment intéressés à cette nouvelle masse d'électeurs potentiels. «Pour la première fois, le vote des ouvriers va avoir un impact réel», note Jason Judd, un responsable du Centre américain pour la solidarité internationale du travail. De quelques usines en 1993, le pays en comprend aujourd'hui plus de 200 dirigées par des Hongkongais, des Taïwanais, des Sud-Coréens et des Chinois qui emploient 210 000 personnes pour une population totale d'environ 11 millions d'habitants. Bon an mal an, l'exportation des vêtements, à 80 % vers les Etats-Unis, rapporte au pays 400 millions d'euros, bien qu'il s'agisse d'un simple