Moscou intérim
Pour la première fois depuis le début de la deuxième guerre de Tchétchénie, et après presque quatre ans d'atrocités et de totale impunité pour les troupes de Moscou, la justice russe a, dans une décision inédite, condamné un officier supérieur pour avoir tué une civile tchétchène. Reconnu coupable par un tribunal militaire de l'enlèvement et du meurtre, en mars 2000, d'une jeune fille de 18 ans, Elsa Koungaieva, le colonel Iouri Boudanov, 40 ans, a été puni de dix ans de prison.
Victoire. «J'ai du mal à réaliser que c'est enfin arrivé», avoue Tatiana Lokachina, la directrice du Groupe Moscou-Helsinki, une association de défense des droits de l'homme qui a assisté l'avocat de la famille de la victime. «C'est une grande victoire, car, si Boudanov n'avait pas été condamné, cela aurait été un signal pour l'armée qu'elle pouvait continuer à faire n'importe quoi.»
Le procès de Boudanov, qui avait reconnu avoir tué la jeune fille, était devenu le symbole par excellence de l'impunité de l'armée dans la «sale guerre» qu'elle mène depuis octobre 1999 contre les indépendantistes tchétchènes. Une guerre qui, selon une autre organisation russe de défense des droits de l'homme, Memorial, aurait fait quelque 20 000 victimes civiles, dans l'indifférence quasi générale. Rapidement après le meurtre et l'arrestation du colonel, les milieux nationalistes et une bonne partie des militaires se mobilisent en sa faveur. Résultat, un premier tribunal l'acquitte en décembre dernier sur la