Monrovia envoyée spéciale
Les détonations font trembler l'immeuble en ruine qui surplombe les deux ponts menant au coeur de la capitale. Un escalier inondé et plongé dans la pénombre conduit aux étages supérieurs. Epuisés, deux combattants dorment à même le béton. L'air est froid, l'eau s'infiltre partout. Pataugeant dans les douilles, la boue et les débris, les soldats des forces gouvernementales ont installé des mitrailleuses lourdes aux fenêtres et arrosent les positions rebelles.
«Deux fois ce matin, les rebelles ont tenté de passer les ponts. Nous les avons repoussés», affirme le général Benjamin Yeaten, coordinateur des opérations militaires. Engoncé dans son gilet pare-balles, il prépare une contre-offensive. Les deux ponts sont déserts, mais les mitrailleuses crépitent. A intervalles réguliers, les mortiers gouvernementaux entrent en action. La réponse ne se fait pas attendre : deux obus s'écrasent sur l'immeuble. Depuis une semaine, les combattants se disputent le Johnson Bridge et le Old Bridge, où le front s'est stabilisé.
Aéroport. En revanche, au nord-est, les rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) progressent sur un axe qui contourne une partie de la capitale pour mener au carrefour stratégique de Red Light, d'où ils auront accès à la résidence de Charles Taylor et à l'aéroport. Pour Benjamin Yeaten, il ne fait pas de doute que l'aéroport est l'un des objectifs des rebelles. En témoignent, selon lui, les intenses bombardements su