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Libération
UN ETE 2003. Ciné Villes

«La ville s'est transformée plus vite que moi» Lester James Peries à Columbo.

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Né au début du siècle, le réalisateur raconte la mutation de la capitale sri lankaise au rythme désormais frénétique.
publié le 29 juillet 2003 à 0h25

«Je ne suis pas né à Colombo, et je ne me sens pas très à l'aise dans cette ville qui s'est transformée bien plus vite que moi. C'est devenu en quelques décennies une mégapole de près de 3 millions d'habitants et, dans le même temps, je n'ai pu réaliser qu'une douzaine de films. Je suis né aux marges de la ville, en 1919, juste derrière les limites municipales, à Mount Lavinia, au sud de Colombo. C'était à l'époque un lieu très agréable, où se mêlaient la campagne, la ville et la mer. Il y avait à la fois les plus belles villas du pays, les plus belles plages et beaucoup d'activités rurales. Mes parents avaient une grande maison dans cette zone résidentielle qui était aussi un endroit où se mêlaient les civilisations : les vieilles familles cinghalaises, chrétiennes, occidentalisées, y rencontraient la colonisation britannique et la tradition paysanne. Mon père représentait tout cela, il était un docteur réputé venu de la campagne et avait reçu une sévère éducation en Ecosse. Mount Lavinia était encore un gros bourg où toutes ces familles de notables se connaissaient.

Mon adolescence a été rythmée par le début des changements, politiques puisque le pays est devenu indépendant en 1948, mais surtout dans notre mode de vie. Je me souviens très exactement de la façon dont la vie à Mount Lavinia, dans ma maison, dans Colombo de plus en plus proche, a pu évoluer. L'arrivée de l'électricité, qui a remplacé les lampes à huile, sauf un petit endroit dans ma chambre consacré à une viei