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Libération

Regain fondamentaliste en Afghanistan

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Un journaliste a été libéré, après une semaine de prison pour blasphème.
par Grégoire POURTIER
publié le 29 juillet 2003 à 0h25

Kaboul correspondance

La question, posée dans un article de l'hebdomadaire Aftab, paraissait anodine : «Si l'islam est la dernière religion révélée, la plus aboutie, pourquoi les pays musulmans sont-ils à la traîne du monde moderne ?» Une remarque jugée blasphématoire par certains milieux de Kaboul puisqu'elle remettait en cause la valeur du Coran. «La démocratie nécessite des sacrifices», répond sereinement le «blasphémateur», Sayyed Mahdawi, libéré après une semaine de prison. Le jeune journaliste, longtemps exilé en Iran, a fait cinq ans d'études islamiques. Il n'ignorait pas que ce «si» allait déclencher les passions, qu'il tendait le bâton pour se faire battre alors qu'il publie depuis des semaines des articles agressifs sur tout ce que Kaboul compte comme chefs de guerre reconvertis à la démocratie.

Arbitre. Cette fois, des fondamentalistes aux plus modérés, la condamnation a été unanime. Un curieux débat sur la liberté de la presse s'est ainsi engagé. Moins sur le fond que sur la forme, car personne ne tolère cette liberté. Chacun en réalité veut affirmer son autorité. La Cour suprême a obtenu l'emprisonnement de Sayyed Mahdawi et de l'un de ses collaborateurs, le ministère de la Culture et de l'Information leur libération. Arbitre en position difficile, le président Hamid Karzaï a accédé successivement aux deux demandes. Aujourd'hui, les deux institutions se disputent le droit de les juger, des commissions parallèles planchant sur le sujet.

En attendant, Sayyed Mahdawi