Genève de notre correspondant
Carla Del Ponte entend se battre pour conserver sa double casquette de procureure des Tribunaux pénaux internationaux sur l'ex-Yougoslavie et le Rwanda (TPIY et TPIR), mais la partie est loin d'être gagnée. Poussé par les Rwandais soutenus par les Américains et les Britanniques, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a déclaré «qu'il vaudrait sans doute mieux avoir un procureur différent pour chacun des deux tribunaux, afin d'accélérer la fin de leurs travaux». Kofi Annan a envoyé, hier, une lettre en ce sens au Conseil de sécurité de l'ONU, seul habilité à prendre une telle décision.
«Contre-massacres». L'enjeu de cette affaire est politique : Carla Del Ponte a ouvert des enquêtes potentiellement embarrassantes pour le gouvernement rwandais, cherchant à inculper non seulement les auteurs du génocide des Tutsis, qui fit près d'un million de victimes en 1994, mais aussi les auteurs de «contre-massacres» de Hutus. Or, ces derniers seraient très proches de l'actuel pouvoir en place à Kigali.
Le gouvernement rwandais ne serait donc pas mécontent du départ de Carla Del Ponte. Le ministre des Affaires étrangères, Charles Murigande, a affirmé «qu'aucun Rwandais ne verserait une larme» si elle devait perdre son job. La semaine dernière, une soixantaine d'ONG rwandaises, dans une lettre adressée à Kofi Annan, avaient exigé la tête de la procureure de nationalité suisse.
Demande américaine. Kigali peut compter sur l'appui des Américains. «Washington a de