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Libération
Reportage

«Ils nous traitaient comme du bétail»

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Les troupes américaines multiplient arrestations et bavures en Irak :
publié le 30 juillet 2003 à 0h26


Le couvre-feu venait de tomber, à 23 heures, comme depuis trois mois dans la capitale irakienne, et Nudir était en retard, mais à peine à quelques centaines de mètres de sa villa du quartier de Zeyouna, quand une patrouille américaine a bloqué la BMW où il se trouvait avec deux amis. Polis, mais fermes, les GI les couchent sur le capot. Ils fouillent le véhicule. Dans la boîte à gants, comme beaucoup d'Irakiens, il avait un revolver pour se défendre. Aussitôt, les soldats leur lient les mains. «Ils nous ont fait monter dans un transport de troupes blindé et là ils ont commencé à nous tabasser», raconte le jeune ingénieur, qui, après une nuit dans un centre de regroupement, entassé dans une cage grillagée avec 350 autres suspects, est finalement arrivé à la prison de l'aéroport, le «Camp Cropper», des bâches entourées de barbelés et écrasées de soleil où il passera seize jours. C'était fin mai. Il fut enregistré comme «enemy prisoner of war» avec le numéro 8 122.

Matricule 16 481. Tony a, lui, été arrêté dix jours plus tard, le 3 juin à son domicile du quartier d'Al-Mansur. «Des voleurs avaient commencé à piller la maison d'à côté. Avec les voisins, nous avons commencé à tirer en l'air pour les faire fuir, et les Américains sont arrivés quelques minutes plus tard. Les voleurs ne les intéressaient pas. Ils ont demandé qui avait tiré et où étaient les armes. Je leur ai montré la kalachnikov que je gardais pour la protection de ma famille. Ils l'ont confisquée, puis m'ont li