Menu
Libération
Reportage

«Nous avons faim, aidez-nous, le Liberia va mourir»

Article réservé aux abonnés
publié le 30 juillet 2003 à 0h26

Monrovia envoyée spéciale

Indifférentes aux détonations, des dizaines de personnes vaquent à leurs occupations dans les ruelles bondées de ce bidonville de Monrovia. Des femmes lavent leur linge, d'autres font quelques emplettes. Miracle des stocks et des trafics, on vend de tout à West Point : des rasoirs, des feuilles de manioc, même des pommes de terre. Des quartiers alentour, les gens viennent s'y ravitailler, à leurs risques et périls car West Point, situé en bord d'estuaire, est au beau milieu de la ligne de front, à côté du Vieux Pont que se disputent les rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) et les forces gouvernementales. L'immeuble où sont positionnés les mitrailleuses et les mortiers de l'armée surplombe l'enchevêtrement des baraques. «On voit parfois les rebelles de l'autre côté, on se salue en agitant les bras, raconte Joseph Mensah, un pêcheur, qui désigne la rive opposée. Ils ne tirent sur nous que s'ils sont visés à partir d'ici ou si on essaie de traverser.» Les habitants ont appris à faire la différence entre les tirs gouvernementaux, qui les survolent, et ceux des rebelles, qui atterrissent chez eux. Mais ça ne suffit pas à les protéger.

Centaine de roquettes. «On a connu les autres guerres, mais cette fois, c'est vraiment risqué», ajoute le pêcheur. Par le passé, l'artillerie lourde était moins utilisée. C'est elle qui fait le plus de dégâts. Des toits de tôles ont explosé, les murs sont constellés d'impacts de balles. Ed