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Libération
Reportage

L'Egyptien qui convertit l'islam au cathodique

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Prédicateur vedette, Amr Khaled utilise un marketing tous azimuts pour ramener les jeunes à la foi.
publié le 4 août 2003 à 0h30

Le Caire de notre correspondante

La petite voix nasillarde s'élève. «Merci de ton témoignage, mon frère, tu nous montres combien Allah est bon.» Le jeune invité vient de raconter sa joie de vivre aujourd'hui dans le respect du Coran, après avoir connu excès, alcool et frime. Les yeux mouillés, Amr Khaled se tourne vers son public. La petite moustache impeccablement taillée, tout sourire, il invite les spectateurs à réagir. Deux minutes plus tard, tout le monde rit en l'écoutant raconter une histoire drôle, avant d'enchaîner sur un nouveau témoignage. Maha a les yeux qui brillent. «Il a changé ma vie», souffle la jeune femme en rougissant. Encadré par un voile, son visage est délicatement maquillé. «C'est un péché. Mais je vais bientôt m'en passer, car ustaz (maître, ndlr) Amr dit que c'est avec ces efforts qu'on se rapproche de Dieu.»

En deux ans à peine, Amr Khaled est devenu une immense star, dont l'audience dépasse très largement les frontières de l'Egypte et du Proche-Orient. Loin des traditionnels cheiks cathodiques, barbus et imposants dans leurs djellabas blanches, il a réinventé la prédication télévisée. «Paroles du coeur», son talk-show islamique, premier du genre, utilise les mêmes ficelles que les télévangélistes américains : du spectacle, du rire, des larmes, de l'interactivité, de la proximité. «Il pourrait être n'importe lequel de mes amis», explique Nader, ingénieur. «Il s'habille normalement et, contrairement aux autres cheiks, il parle en arabe dialectal et no