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Libération

La «reconquista» des musulmans à Grenade

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Une mosquée a été construite dans la ville andalouse. La première depuis l'expulsion des Arabes en 1492.
publié le 5 août 2003 à 0h31

Grenade envoyé spécial

«Cela n'a pas été facile d'y parvenir, mais cela en valait la peine, non ?» Vêtu d'un élégant costume gris clair, Malik Abderraman Ruiz lisse sa barbe noire avant d'élever les mains vers le ciel en signe de dévotion face à la magnificence du lieu. Bordée d'orangers, de lauriers roses et de pins, une vaste mosquée, la première construite à Grenade depuis l'expulsion des Arabes, trône au sommet de la colline de l'Albaicin, le quartier médiéval de la ville. Sur l'esplanade, voisine du très touristique mirador de San Nicolas, c'est la plus belle vue sur les palais de l'Alhambra, joyau de l'art islamique et symbole de plus de sept siècles de domination musulmane en Andalousie

Depuis son inauguration, le 10 juillet, la nouvelle mosquée attire curieux, touristes musulmans et personnes plus «initiées». Quelque 140 professeurs d'universités américaines, de confession musulmane, ont fait le déplacement. Depuis un minaret de hauteur modeste ­ 14 mètres ­ le muezzin appelle à la prière sans utiliser de haut-parleur. «On tient à faire les choses dans la discrétion», précise Malik Abderraman, 33 ans, marié, six enfants, et président de la Communauté islamique en Espagne, le collectif qui a conçu le lieu de culte.

«Fierté restituée». Cette volonté d'adopter un profil bas n'enlève rien à la force du symbole : en 1492, c'est ici que le roi musulman Boabdil s'est incliné face aux Rois catholiques. La chute de Grenade, ultime réduit d'Al-Andalus (l'Andalousie arabe), allait