Londres de notre correspondant
C'est un homme traqué qui, le 15 juillet, dépose devant la commission parlementaire des Affaires étrangères. Le Dr David Kelly parle d'une voix si basse que le président de séance, pour l'entendre, fait couper les climatiseurs, malgré la chaleur estivale. Ses amis qui suivent l'audition retransmise en directe sur les chaînes télévisées britanniques, diront plus tard qu'ils l'ont trouvé profondément changé. Ce n'est pas le scientifique à l'esprit clair et précis qu'ils connaissent.
Les députés veulent savoir si ce microbiologiste est ou non la source de la BBC. Cette taupe qui accuse Downing Street d'avoir tronqué un dossier sur l'arsenal irakien afin de le rendre plus effrayant. Le rapport, publié en septembre, affirme à quatre reprises que Saddam peut lancer ses armes chimiques et biologiques en «quarante-cinq minutes». Une exagération grossière, selon le «haut responsable» cité par le journaliste Andrew Gilligan, dans son reportage ravageur du 29 mai.
Petit mensonge. Harcelé de questions, Kelly reconnaît avoir rencontré Gilligan, mais nie être sa «source principale». Il évalue à «30 %» la probabilité selon laquelle Saddam possédait les moyens terrifiants qu'on lui attribuait. Sur la question des «quarante-cinq minutes», il déclare «ignorer» si l'information a été ajoutée à la demande du gouvernement, mais juge «hautement improbable» que de telles armes, si elles existent, aient pu être activées dans un laps de temps si court. Il assure n'avoir j