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Libération

Washington bouscule le tabou nucléaire

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Des experts planchent sur de nouvelles armes antibunkers.
publié le 7 août 2003 à 0h33

Omaha, Nebraska

envoyé spécial

A dix minutes au sud d'Omaha, la base aérienne d'Offutt, ressemble de loin à un campus universitaire. Mais l'entrée, flanquée de deux énormes avions, un B52 et un EC135, n'est pas aisée : «Si vous franchissez cette ligne, vous serez menotté. Je vous le déconseille», suggère un militaire. Derrière les grilles se trouve, dans un abri sous-terrain blindé, le «StratCom» (Strategic Command), chargé de piloter l'arsenal atomique américain. C'est là que George W. Bush avait été caché lors de la journée chaotique du 11 septembre 2001...

Cette semaine, on plaisante d'autant moins avec la sécurité que la base attend, dans la plus grande discrétion, une réunion d'experts de très haut niveau, chargés d'imaginer ce que sera l'arsenal nucléaire du futur. Pas moins de 150 scientifiques et stratèges (du Pentagone, de la Maison Blanche, de laboratoires comme Los Alamos, et même de contractants comme Lockheed Martin...), tous impliqués dans le nucléaire militaire, doivent être reçus aujourd'hui par le StratCom. L'ordre du jour de ce «jamboree de la bombe» a fuité sur un site antinucléaire, le Los Alamos Study Group. Parmi les points en discussion : comment marier l'arsenal nucléaire aux nouvelles armes de précision? faut-il développer des armes nucléaires antibunkers? faut-il reprendre les tests nucléaires ? Autant de questions qui montrent que l'administration Bush ne craint plus de brouiller la frontière entre armes nucléaires et conventionnelles, et à prendre le