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«Comment peut-on se suicider dans un endroit aussi beau?». George Miller à Sydney.

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Fils d'un émigré grec, le réalisateur des «Mad Max» a grandi dans la métropole australienne.
publié le 11 août 2003 à 0h34

Hier, il pleuvait, et demain encore, engoncée de gris, Sydney prendrait des allures de chien mouillé, ces airs plombés qui sous d'autres cieux annoncent la neige. Mais aujourd'hui, le décor choisi par George Miller est en accord avec l'histoire qu'il veut dire.

Il est arrivé comme toujours la chemise boutonnée jusqu'au col, avec un pull de laine que, plus tard, il pincera entre le pouce et l'index pour souligner la douceur de l'hiver. The Gap est une faille dans les falaises qui chutent vers l'océan Pacifique, des murailles battues par des flots bleus et mousseux qui encadrent l'entrée de la rade. Elle fut franchie par les navires de l'empire britannique qui, dans ce nouveau bagne, sans différencier l'assassin du voleur de pain, déversait le trop-plein des geôles londoniennes. Puis par les cargos d'hommes et de femmes qui espéraient une vie moins pénible que celle abandonnée derrière eux dans une Europe dévastée par la guerre. Le grand-père de George Miller renonce à la Grèce et, de ce geste qu'ont souvent les immigrants pour prêter allégeance à leur nouvelle patrie, se dépouille de son nom de Miliotis. En souvenir du soleil, il choisit les terres brûlantes du Queensland. Loin de la mer, dans le village de Chinchilla qui compte une poignée d'habitants et des champs de pastèques qui déroulent la verdure de leurs vagues jusqu'à l'horizon, grandit George Miller. Sur ces plaines qui, de chaleur, se troublent, il laisse filer son esprit. «Il n'y avait rien à voir. Rien pour se dis