«Les gens dans le monde ne voulaient plus les laisser faire, les bandits. Les Etats se sont adressés à l'ONU et l'ONU a demandé à la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) d'intervenir. Et la Cedeao a demandé au Nigeria de faire application de l'ingérence humanitaire.» Ecrites en 2000 par l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma dans Allah n'est pas obligé (1), livre qui raconte l'odyssée d'un enfant soldat de la Côte-d'Ivoire à la Sierra Leone en passant par le Liberia, ces lignes résonnent étrangement une semaine après le débarquement des troupes nigérianes à Monrovia.
Dans ce pays martyr d'Afrique de l'Ouest, l'histoire semble bégayer, mais en apparence seulement. Le 24 août 1990, les Casques blancs nigérians déployés au sein de l'Ecomog (groupe de contrôle du cessez-le-feu de la Cedeao, ndlr) entraient dans la capitale libérienne pour stopper l'offensive des rebelles dirigés par un certain Charles Taylor. Ses hommes n'étaient plus qu'à quelques centaines de mètres de l'Executive Mansion, le palais présidentiel, alors occupé par Samuel Doe. Treize ans plus tard, à quelques jours près, c'est Taylor, élu en juillet 1997, qui lâche le pouvoir.
Abonnés absents. Comme en 1990, les puissances occidentales sont, pour le moment, aux abonnés absents. Engagés respectivement en Sierra Leone et en Côte-d'Ivoire, deux pays qui enserrent le Liberia, les Britanniques et les Français n'ont jamais envisagé l'envoi de troupes dans un Etat fondé au début du XIXe siècle par