Londres de notre correspondant
Un journaliste déteste dévoiler ses sources et plus encore montrer ses notes. Devant lord Hutton, le juge chargé d'établir les causes du suicide du Dr David Kelly, Andrew Gilligan s'est néanmoins prêté, hier, contraint et forcé, à l'exercice. Pendant près de trois heures, soumis à un interrogatoire rigoureux, le reporter de la BBC a dû fournir des détails qui habituellement ne sortent jamais des salles de rédaction. Etait-il ou non en droit d'affirmer, le 29 mai sur Radio 4 dans le programme Today, que Downing Street avait «gonflé» la menace irakienne dans son dossier publié en septembre ? Si David Kelly, l'expert en armes chimiques et biologiques, était bien le «haut responsable» cité dans son reportage, ses propos tenus sous couvert de l'anonymat ont-ils été reproduits fidèlement ? Autant de questions soulevées par le magistrat.
Mécontents. Le journaliste, pour se défendre, a dû produire son carnet électronique. Ses notes prises en abrégé après sa rencontre avec le scientifique dans un hôtel de Londres, le 22 mai, confirment sa version des faits. Selon Kelly, la plupart des responsables des services de renseignement étaient mécontents du dossier gouvernemental. Ils contestaient moins le contenu que sa présentation.
«L'exemple classique, c'étaient les 45 minutes», dit David Kelly dans le verbatim présenté hier. Le rapport prétendait que Saddam pouvait lancer ses armes de destruction massive en trois quarts d'heure. «La plupart des autres éléments