Le secrétaire général d'Amnesty International a été reçu, hier, par le président du Mexique, Vicente Fox. Il lui a demandé de prendre des mesures urgentes pour la protection des femmes de Ciudad Juarez. Dans cette ville du Nord, frontalière avec les Etats-Unis, au moins 370 femmes ont été tuées en dix ans, parmi lesquelles 137 ont subi des sévices sexuels, rapporte l'ONG. A ces chiffres il faut ajouter 75 cadavres non identifiés. Les victimes sont surtout des jeunes femmes de condition précaire et esseulées, souvent employées dans des maquiladoras, les usines de montage. Ces meurtres n'ont jamais été élucidés. Trafiquants d'organes ? Tueurs en série ? Aucune enquête globale et sérieuse n'a encore été réalisée.
Amnesty dénonce dans un rapport, publié hier, l'inaction des pouvoirs locaux et national. Selon Kamel Samary, un responsable de l'ONG, «le manque flagrant de détermination des autorités à élucider les affaires suggère que ces crimes sont tolérés, voire tolérables». Le combat des familles de victimes, soutenues par les associations, se révèle très difficile. Certaines ont même reçu des menaces pour avoir osé poursuivre les autorités afin que justice soit faite.
Le gouvernement mexicain avait, pourtant, signé un accord d'assistance technique avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies. Ce programme dénommé «Diagnostic», s'appuyant sur les observations de la société civile mexicaine et les recommandations des associations de droits de l'homme, visait