Avocat et coprésident de la Ligue des droits de l'homme argentine, Carlos Zamorano, a été emprisonné pendant la dictature militaire entre 1974 et 1980.
Comment interprétez-vous l'annulation par les députés des lois dites de pardon ?
Il ne faudrait pas oublier quand même que, dès 2001, deux juges avaient déjà déclaré que ces lois dites du «point final» et du «devoir d'obéissance» étaient inconstitutionnelles. Seulement à cette époque il n'y avait pas la volonté politique d'affronter les années noires du pays. C'est l'abrogation, au mois de juillet par le président Kirchner, du décret interdisant l'extradition des criminels de la dictature qui donne un premier signal très clair à la société argentine sur la volonté de l'exécutif d'en finir avec l'impunité des militaires tortionnaires. Le vote des députés, c'est-à-dire du pouvoir législatif, renforce encore plus ce message. Aujourd'hui, il y a une forte pression sur le pouvoir judiciaire. D'autant que la décision d'adhérer à la convention internationale qui rend imprescriptibles les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité ne lui laisse plus beaucoup de choix. Ou les tortionnaires sont jugés en Argentine, ou ils sont extradés et jugés à l'extérieur.
Quelle serait, selon vous, la meilleure solution ?
Les organisations humanitaires se sont toujours opposées aux extraditions et réclament que les militaires accusés d'enlèvements, de tortures ou de meurtres soient jugés par la justice argentine. Si le juge Balthasar Garzon récla