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Libération

Cinq mois de leurres et de chausse-trappes

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Alger a brouillé les pistes sur l'identité des ravisseurs et les tractations.
publié le 19 août 2003 à 0h38

Du début ­ la disparition en plusieurs groupes de 31 touristes européens dans le Sahara algérien ­ à leur libération mouvementée hier, il est difficile de s'y retrouver dans une affaire où tout est mystérieux. A commencer par les conditions dans lesquelles ces touristes, qui voyageaient sans guide, en véhicule tout-terrain ou à moto, se sont volatilisés entre mi-février et mi-mars dans l'immense triangle Ouargla-Djanet-Tamanrasset. Très vite, la thèse de l'enlèvement s'est imposée ; habitués du désert et guides étant unanimes sur l'impossibilité pour autant de voyageurs de s'égarer sans laisser la moindre trace. «Là-bas, même nulle part, il y a toujours quelqu'un», résume un guide.

Cacophonie. Enlèvement, donc, mais par qui ? Cinq mois après la disparition des touristes, l'identité de leurs ravisseurs n'est pas acquise. Et les thèses contradictoires distillées jusqu'à mi-mai par Alger ont d'autant moins éclairci les choses que les autorités algériennes ont été aussi avares d'informations avec Berlin, Vienne et Berne qu'elles le furent avec Paris lors de l'affaire des moines de Tibehirine en 1996. Cette cacophonie a pourtant fini par se transformer en certitude : celle que les ravisseurs «sont liés à Al-Qaeda» par le biais du GSPC, un groupe islamiste armé, bête noire d'Alger. Peu importe que ce groupe n'ait jamais été implanté dans le Grand Sud. Obsédées par la crainte de devoir un jour rendre des comptes sur la «sale guerre», les autorités algériennes sont en cela fidèles à