Katmandou envoyés spéciaux
«Moi ? Je suis bhoutanaise !», assure la fillette qui sautille sur le chemin de terre menant à l'école de Kudunabari. Naina, 7 ans, n'a pourtant jamais mis les pieds au Bhoutan. Elle est née ici, dans ce camp de réfugiés au Népal, où sont arrivés ses parents il y a douze ans. Dans l'Est népalais, étouffant de chaleur, sept camps accueillent toujours plus de 100 000 Bhoutanais qui ont fui leur pays, l'un des plus fermés du monde au début des années 90. Victimes d'une politique de discrimination visant à les priver de leur nationalité et à les expulser.
Cette fermeture explique peut-être le silence de la communauté internationale lorsque l'élite dominante, les Ngalong, a lancé un lent processus de nettoyage ethnique. Descendants de Tibétains, les Ngalong bouddhistes vivent dans l'ouest du pays. Mais, depuis plusieurs générations, des migrants venus du Népal voisin se sont établis au sud du Bhoutan. Considérés d'abord comme des «colons», ils deviennent, en 1958, des citoyens bhoutanais grâce à une nouvelle loi sur la citoyenneté. Ce peuple hindou, appeléÊLhotshampa, compose environ 40 % des habitants du royaume. Dans leur région qui borde la frontière de l'Inde, les mariages avec des Indiens sont monnaie courante.
Nationalité. Dans les années 80, le roi Jigme Singye Wangchuk va tenter d'écrémer cette population hindoue en modifiant les règles d'attribution de la citoyenneté, de manière rétroactive. «Pour rester bhoutanais, il fallait désormais fournir so