Kicukiro envoyé spécial
La semaine dernière, Didace a croisé son accusateur. C'était la première fois depuis que cet homme a été relâché, en mai dernier, après avoir passé six ans dans une prison rwandaise pour participation au génocide de 1994. «J'ai voulu l'ignorer, mais il m'a dit bonjour, et je lui ai répondu», raconte l'ancien détenu. Rien de plus. Mais Didace sait qu'il aura maintes fois l'occasion de revoir celui qui l'a envoyé en prison, maintenant qu'il est de retour sur sa colline d'origine, à Kicukiro, en périphérie de Kigali.
Malgré sa libération provisoire, avec plus de 20 000 autres détenus relâchés au début de l'année sur décision du président Paul Kagame, grand favori à l'élection présidentielle de lundi, Didace reste accusé de «participation au génocide». Il aurait, lors des massacres, tué l'un de ses voisins. Lui n'a avoué qu'avoir accompagné les coupables dans leurs tueries. «Je n'ai jamais tué», jure-t-il, avant de reconnaître : «Même si je ne suis que partiellement coupable, je ne pourrai jamais oublier ce que j'ai fait.»
Passage aux aveux. Les libérations ont concerné les détenus qui ont avoué leurs crimes et qui ont passé trop de temps dans les prisons surpeuplées du Rwanda par rapport aux peines encourues. Mais cette mesure, saluée par les observateurs, est loin d'être parfaite. La plupart des personnes passées aux aveux n'ont, comme Didace, reconnu qu'une partie des crimes qui leur étaient imputés. Autre problème : si de nombreux coupables avérés ont ai