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Libération

Le spectre du génocide sur les élections au Rwanda

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Le pouvoir agite la menace d'un «vote ethnique».
publié le 25 août 2003 à 0h42

Kigali de notre correspondant

«Divisionnisme ethnique». L'accusation est gravissime dans un pays qui pleure encore ses 800 000 morts tutsis et hutus modérés, neuf ans après le génocide de 1994. Elle aura été le leitmotiv de la campagne précédant l'élection présidentielle de lundi au Rwanda ­ signe que la réconciliation vantée par le pouvoir est encore loin d'être une réalité.

«Il n'y a plus ni Hutus ni Tutsis, nous sommes tous des Rwandais», c'est le slogan en forme de méthode Coué du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsie arrivée au pouvoir en juillet 1994, après avoir chassé le régime génocidaire hutu. Leader du FPR, le président-candidat Paul Kagame n'a cessé de marteler ce mot d'ordre au cours de sa campagne. Avant d'enchaîner, de meeting en réunion publique, sur son autre thème favori, le divisionnisme.

Rescapé. Cible de cette attaque : le principal candidat de l'opposition, Faustin Twagiramungu. Ce Hutu modéré, lui-même rescapé du génocide, est rentré en juin au Rwanda, qu'il avait quitté en 1995, après avoir dirigé le premier gouvernement d'après les massacres avec le FPR. Depuis le début de la campagne électorale, médias progouvernementaux, autorités locales et adversaires politiques n'ont eu de cesse de le taxer de «divisionniste», de «Jean-Marie Le Pen rwandais», et de l'accuser de vouloir «jouer la carte ethnique» pour remporter le scrutin.

«Un vote ethnique n'est pas à exclure», reconnaît Noël Twagiramungu, secrétaire exécutif de la Ligue des droits