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Libération

Un discours plus offensif qu'onirique

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publié le 25 août 2003 à 0h42

De son discours du 28 août 1963, on n'a retenu que le passage «I have a dream» («je fais un rêve») : «Je rêve qu'un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité...» Le discours était en réalité bien plus offensif que les extraits lus dans les écoles. «Il n'y aura plus ni repos ni tranquillité en Amérique, tant que le Noir n'aura pas obtenu ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte continueront de secouer les fondations de notre nation jusqu'au lever lumineux du jour de la justice», lançait-il ainsi. Ce discours a failli ne jamais être lu ce jour-là. Le président Kennedy, qui préparait sa loi sur les droits civiques, avait tenté de convaincre les responsables de la manifestation de l'annuler, craignant qu'elle ne fasse que mettre de l'huile sur le feu. «Les Noirs sont déjà dans la rue», lui avait répondu Philip Randolf, le principal organisateur. L'élite politique blanche de Washington était terrifiée à l'idée d'une manifestation de cette ampleur. Le Pentagone avait mis en place 19 000 soldats et les hôpitaux avaient libéré toutes les salles d'opération... Martin Luther King, 34 ans, était le dernier orateur de la journée. Son «rêve» a été rajouté par hasard à la fin de son discours. Il venait de dire : «Rentrez au Mississippi, rentrez en Alabama...», quand la chanteuse Mahalia Jackson, qui se tenait à ses côtés, l'a encouragé à poursu