Kopak envoyé spécial
Au pied des montagnes arides du Logar, au bout d'une dizaine de kilomètres de piste, surgit un hameau lové au fond d'une vallée encaissée aux reflets d'émeraude. Les murs des maisons de pisé y sont hauts et les femmes invisibles. Les traditions sont respectées dans ce petit village pashtoune, où une vingtaine de familles offrent le couvert, chacune leur tour, au vieux mollah de la mosquée. Mais ils sont peu à mettre en pratique le prêche du vénéré imam lorsque celui-ci leur rappelle que l'islam interdit la culture des stupéfiants. «Je leur répète sans cesse que c'est haram (interdit par la religion, ndlr), plaide l'homme à la barbe blanche, mais ils ne m'écoutent guère.» Cette année, près de la moitié des paysans du village ont semé du pavot ; l'opium a été récolté en juin-juillet et, depuis, ce sont les plants de cannabis qui envahissent les parcelles. La récolte de haschisch est pour bientôt.
Jamais pourtant, de mémoire d'anciens, on n'avait cultivé de plantes narcotiques à Kopak. Tout a commencé lorsque sont arrivés dans leurs pick-up flambant neufs «les hommes de Jalalabad», une ville proche de la frontière pakistanaise. Les trafiquants n'ont pas mis longtemps à convaincre les paysans qu'ils multiplieraient par dix le revenu de leurs maigres récoltes de maïs, de blé et de haricots, en adoptant la culture du pavot. Le contrat était simple : ils n'avaient qu'à mettre leurs terres à la disposition des trafiquants, qui s'occuperaient de semer la plante à o