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Libération

Un fleuve de contrastes entre pays frères

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A Dandong, à la frontière sino-nord-coréenne, deux mondes se côtoient.
publié le 27 août 2003 à 0h44

Dandong envoyé spécial

La serveuse se fait un peu prier, mais revient dans le salon privé du restaurant avec sa guitare, et, face à la table de clients, se met à chanter. Son visage est rayonnant et épouse les paroles de sa chanson, «je suis content de vous revoir», un hymne à la gloire de... la réunification coréenne. La jeune femme est nord-coréenne, tout comme le restaurant, mais nous sommes à Dandong, la ville frontalière chinoise au bord du fleuve Yalu qui sépare les deux voisins communistes.

Le restaurant «l'Echo de la forêt de pin» appartient à une Chinoise d'outre-mer née en Corée du Nord, dont l'air renfrogné, tout comme le badge du «leader bien aimé» Kim Il-sung sur la poitrine, n'invite pas à poser des questions personnelles. En fait, cet établissement roule pour le régime de Pyongyang comme source de précieuses devises.

Privilégiées. Les serveuses, en robe turquoise tombant jusqu'aux chevilles et fleurant bon les années 50, l'inévitable pin's de Kim Il-sung sur le sein gauche, sont aussi nord-coréennes et ne parlent qu'un minimum de chinois pour assurer le service. Pas question de conversation avec elles : c'est interdit. Tout au plus apprend-on de la chanteuse qu'elle vient de Pyongyang et qu'elle a 28 ans. «Elles ne sortent jamais seules et vont en groupe du restaurant à leur dortoir», explique une Chinoise de Dandong. Leur modeste salaire revient en partie à l'Etat, mais elles sont assurément des privilégiées, sans doute triées sur le volet, de travailler ainsi à