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Libération

Du Soleil-Levant à l'enfer nord-coréen

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D'anciens travailleurs forcés au Japon ont été incités à revenir au pays. Ils ont vite déchanté en retrouvant le «paradis» promis.
publié le 28 août 2003 à 0h44

Tokyo de notre correspondant

«J'ai longtemps encouragé les Coréens du Japon à regagner la Corée du Nord. Beaucoup sont partis. Je croyais sincèrement qu'ils gagnaient le paradis sur terre. J'ignorais alors à quel point j'étais en réalité un guide pour l'enfer.» Les remords tardifs de Chang Myong-sue, 68 ans, ne ramèneront pas au Japon les milliers de ressortissants coréens qu'il a contribué à rapatrier en Corée du Nord dans les années 60 et 70.

«Pompe à yens». A Niigata, port de la côte est du Japon face à la Corée du Nord, Chang Myong-sue était à l'époque numéro deux du bureau local du Chosen soren, la puissante association des résidents coréens du Japon (ou Chongryon en coréen). Pro-nord-coréenne, cette ambassade virtuelle de Pyongyang au Japon, a été fondée en mai 1955 pour organiser, aux côtés d'autres organisations pro-nord-coréennes, leur rapatriement en Corée du Nord. Son siège à Tokyo, dans le quartier de Bunkyo-ku, est un bâtiment aux allures de bunker stalinien. Au fil des ans, l'organisation est devenue la «pompe à yens» de Pyongyang. Elle est à la tête d'une nébuleuse de PME (basées surtout à Kobé, Osaka et dans la région du Kansaï). D'après Lee Young-hwa, exilé nord-coréen vivant au Japon, professeur d'économie à l'université du Kansaï à Osaka, le Chosen soren aurait transféré ces quinze dernières années en Corée du Nord «1 000 milliards de yens» (9,1 milliards d'euros). Sa liberté d'action est garantie. Le Chosen soren bénéficie en effet de protections. Celle par