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Libération

Les Américains moins criminels

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La criminalité a chuté de 50% en dix ans. Un mystère pour les experts.
publié le 29 août 2003 à 0h45

Washington

de notre correspondant

La courbe du crime ne remonte pas et les criminologues américains en perdent leur latin. Selon la grande enquête annuelle du département de la Justice, publiée dimanche, le nombre de crimes a encore baissé en 2002. On comptait 23 crimes violents pour 1 000 habitants, contre 25 en 2001. En dix ans, le nombre de crimes violents a chuté de plus de 54 %... Une baisse qui concerne tous les crimes, toutes les classes sociales, toutes les communautés ethniques.

Pourtant, tout laissait prévoir que la criminalité, après avoir chuté dans les années 90, remonterait en flèche. Alfred Blumstein, criminologue réputé de la Carnegie Mellon University, à Pittsburgh (Pennsylvanie), n'a aucun mal à énumérer les facteurs pousse-au-crime : «Les jeunes, à la sortie du lycée, font face à un marché de l'emploi difficile ; le nombre de policiers stagne, et une partie d'entre eux a été affectée à la surveillance de bâtiments, à cause du terrorisme ; les recettes des Etats ou des collectivités locales s'amenuisent, au détriment des services sociaux ; le nombre des personnes incarcérées a cessé de grimper...» En revanche, Blumstein a bien du mal à comprendre les résultats surprenants de l'enquête du département de la Justice. Il soupçonne même certaines coupes bugdétaires d'avoir entraîné des changements méthodologiques et donc faussé l'enquête. Si ce n'est pas le cas, dit-il, il faut se résoudre à faire l'hypothèse d'un «effet 11 septembre : on peut supposer un accroisse