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Libération

Irak: carnage dans la ville sainte chiite

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A Najaf, les fidèles pleurent leur chef tué, vendredi, avec au moins 80 personnes, dans un attentat à la voiture piégée.
publié le 30 août 2003 à 0h46

Najaf envoyée spéciale

Il n'y a pas de bruit, juste cette foule blanche d'hommes en tunique, immense, qui semble couler entre les coupoles du mausolée à gauche et la rangée de magasins dont toutes les vitrines ont été soufflées par l'explosion. Et puis, dans cette chaleur qui ne tombe pas, l'odeur a tout envahi, suffocante, de poussière, de sueur, de sang. Par moments, la masse se déchire. Un groupe se forme, près des étals vides du marché, et éclate, tous ensemble, en sanglots bruyants. Plus loin, un autre se détache, effaré de colère, et se met à marcher en menaçant «rendez-nous Al-Hakim».

«Baigné de lumière». Alors que la nuit tombe, un épicier soutient avoir vu Al-Hakim sortir par une autre porte que celle où eut lieu l'explosion. Indemne, miraculé. Un policier raconte qu'il était en sang mais vivant, marchant au milieu des croyants. Un enfant dit qu'il gisait mort, «tout baigné de lumière». On ne sait pas. On ne sait plus. Ici, on parle de 20 morts. Là, d'un millier. On appelle les médecins à rejoindre les hôpitaux. «Est-ce qu'il faut se fâcher ou pleurer ?, dit un religieux en turban. Nous attendons les ordres de nos chefs.» Il fait tout à fait nuit lorsque la voix du muezzin retentit : «Le marja Mohamed Baqr al-Hakim est mort en martyr.» A Najaf, ville sainte du chiisme irakien, à 170 km au sud de Bagdad, une voiture piégée postée à la sortie du prêche du vendredi, près du mausolée de l'imam Ali, a fait au moins 80 morts et plusieurs centaines de blessés. En quelques jo