Buenos Aires
de notre correspondant
Véritable énigme avant son accession à la présidence, le 25 mai dernier, Nestor Kirchner est devenu en trois mois la coqueluche des Argentins. Qui aurait pu croire que ce gouverneur péroniste d'une province de la Patagonie, élu avec seulement 22 % des voix à l'issue d'une élection tronquée par le renoncement anticipé de son principal adversaire, l'ex-président Carlos Menem, serait crédité aujourd'hui de 80 % d'opinions favorables ? Grâce à quelques mesures hautement symboliques, cet avocat de 53 ans s'est rapidement assuré le soutien d'une population déboussolée par une crise économique sans précédent et n'espérant plus grand-chose de la classe politique. Toutefois, maintenir cette idylle dans les mois qui viennent sera beaucoup plus compliqué.
Parti éclaté. Politiquement, Kirchner a besoin de retrouver le soutien du Parti justicialiste (péroniste), éclaté en trois tendances lors de la présidentielle et d'où pourrait surgir l'opposition que la droite libérale et la gauche ne réussissent pas à construire. Economiquement, l'approfondissement de la reprise esquissée ces derniers mois après cinq ans de récession est tributaire d'un accord avec le FMI pour le règlement d'une dette de 145 milliards de dollars.
Mais Kirchner plaît aux Argentins. Enfin un Président qui respecte ses promesses électorales, prend des mesures radicales contre l'impunité et la corruption et affiche, dans la pratique quotidienne de son mandat, une proximité rassurante avec