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Libération
Reportage

Les irakiennes ont perdu l'apres-guerre

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Viols, séquestrations, retour du voile se développent.
publié le 2 septembre 2003 à 0h48

Bagdad envoyée spéciale

Dans la rue, on ne voit qu'elles. Les femmes tête nue sont si rares qu'on les qualifie de «chrétiennes», même si elles ne le sont pas. En fin d'après-midi, quand la température redevient tolérable et que les familles font leurs courses, les cheveux féminins se voilent d'un foulard qui découvre quelques mèches, d'un hijab ou de l'abaya, cape noire qui ne laisse voir que le visage.

Peur de la violence, peur de l'insulte. «Presque toutes mes collègues ont modifié leur comportement, dit la docteur Enas Al-Hamdani, l'une des responsables de l'hôpital Al-alwaya. Celles qui n'avaient jamais porté le voile le mettent pour éviter les problèmes. Elles ne se maquillent plus, ne portent plus de bijoux.» Elle-même est coiffée d'un léger foulard. Elle ne conduit plus sa voiture. C'est son mari ou son garde du corps, nouvel attribut des classes aisées, qui l'accompagnent de l'hôpital à sa clinique.

Rideaux tirés. Celles qui ne travaillent pas vivent rideaux tirés, ouvrent la porte sur des mines pâlottes et des yeux cernés. «La peur nous empêche de sortir», souffle Virgin. Elle continue de préparer des pâtisseries mais ne reçoit plus depuis la chute de Saddam, traîne à la maison en bermuda et en tongs. Ses voisins ont rejoint leur fils aux Etats-Unis. La fille de sa voisine d'en face est au lit, choquée depuis que des hommes ont tenté de la traîner de force dans leur voiture. Virgin ne comprend plus le monde qui l'entoure : «Ces histoires-là étaient rares du temps de l'