Bogota de notre correspondant
La guerre est ouverte entre le président colombien Alvaro Uribe et les défenseurs des droits de l'homme. Lundi, après la présentation par un collectif de 80 ONG d'un bilan très critique sur sa politique, baptisé l'Ensorcellement autoritaire, le chef d'Etat a violemment attaqué les associations, «politicards au service du terrorisme». «Chaque fois que la guérilla est affaiblie par la politique de l'Etat, elle envoie ses porte-parole parler de droits de l'homme», a lancé Uribe.
L'ouvrage porte de sévères critiques sur sa politique dite de «sécurité démocratique». En 187 pages, sans nier les exactions des guérillas marxistes, il signale une augmentation des violations des droits de l'homme pendant la première année de gestion d'Uribe, montrant la responsabilité répétée de l'armée et des services de sécurité. Avec une explosion des arrestations massives, souvent injustifiées, les autorités «recherchent le contrôle social et l'implantation de la terreur dans la population», selon l'ouvrage. D'autres chapitres dénoncent une régression sociale et l'absence de vraie réforme agraire.
La réponse d'Uribe s'est faite symboliquement devant un parterre de militaires, qu'il a encouragé à ne pas se laisser influencer par «les trafiquants des droits de l'homme». «Il attaque ceux qui expriment leur désaccord démocratiquement au lieu de poursuivre ceux qui tuent des civils innocents», a critiqué Kimberly Stanton, de l'association américaine Wola. Amnesty Internationa