Tartu envoyé spécial
Le bâtiment ne paie pas de mine. Une ancienne boulangerie dans une banlieue anonyme de Tartu, la grande ville universitaire du centre-est de l'Estonie. Dès l'entrée, l'atmosphère change. Dagni Krinka pousse la porte après avoir apposé une carte magnétique sur un boîtier plein de clignotants. «Services secrets», plaisante- t-elle. Quelques marches, un nouveau boîtier et elle pénètre dans son fief, le laboratoire du projet «Génome estonien» qu'elle dirige depuis son ouverture, il y a six mois. La mission de ce labo : le génotypage d'un million de personnes, les deux tiers de la population estonienne. A terme, ce projet doit permettre l'émergence d'une industrie biotechnologique de pointe. A peine douze ans après son indépendance arrachée à l'URSS, et à un an de son adhésion à l'Union européenne, l'Estonie confirme son entrée à marche forcée dans le concert des nations modernes.
En phase pilote. Le projet de génotypage est exclusif. Jamais un pays n'a lancé un programme d'une telle ampleur. Vu le boom mondial des biotechnologies, l'Estonie a choisi de frapper fort, dès le départ, pour briller sur la carte mondiale. Depuis octobre, le programme était en phase pilote. Un millier de prélèvements sanguins ont été réalisés par le biais de 70 médecins de famille, formés et équipés d'ordinateurs et de connexions Internet sécurisées. Outre un échantillon de leur sang, les volontaires doivent répondre à un questionnaire sur leurs antécédents médicaux et familiaux. Le