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Libération

A Gaza, la vie en suspens

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Les Palestiniens attendent des représailles.
publié le 12 septembre 2003 à 0h57

Gaza envoyé spécial

Dans l'allée principale du souk de Jabalia, les bourricots des trimardeurs ont pris des aises. En l'absence du moindre chaland, les ânes se roulent dans la poussière. Leurs maîtres, léthargiques, maudissent cette journée de perdue. Sans travail, pas de revenus. Et le bazar reste désert. Un vide étrange pour un jeudi, début du week-end à Gaza, qui voit normalement une cohue envahir les venelles du marché. Avec la moue boudeuse du commerçant floué, Ahmed Abden Nabi jauge l'ampleur de son manque à gagner. «Une catastrophe. La situation politique est trop confuse pour que les gens sortent de chez eux.» Et en l'absence de clients, une bonne moitié des boutiquiers n'a pas daigné lever leur rideau de fer. Les négociants commentent d'un air désabusé la dernière partie de bras de fer engagée entre l'Autorité palestinienne et le gouvernement israélien. Au centre de toutes les conversations, la rumeur persistante d'une vaste opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, que les plus pessimistes attendent déjà depuis deux nuits. Signe d'un certain degré d'alerte, les forces de sécurité palestiniennes ont quitté leurs baraquements pour prendre position sous le maigre feuillage des acacias qui bordent les trottoirs. Cette évacuation des casernes a provoqué un mouvement inverse d'enfermement parmi la population qui évite les lieux publics. «Que voulez-vous qu'on fasse ?, demande déprimé Ahmed Abden Nabi, les Israéliens sont les plus forts. S'ils veulent entrer