Jusqu'à jeudi, une vie française valait jusqu'à mille fois moins qu'une vie américaine. L'accord-cadre conclu entre Paris et Tripoli a (relativement) changé la donne. En 1988, un Boeing 747 de la PanAm explosait au-dessus de Lockerbie (Ecosse). L'année suivante, c'était le tour d'un DC-10 d'UTA au-dessus du Ténéré. Alors que chaque famille de victime de la PanAm obtenait 10 millions de dollars, les parents des disparus de l'avion français ne recevaient qu'entre 3 000 et 30 000 dollars. L'injustice a une seule explication : la peur que les Etats-Unis inspirent au colonel Kadhafi. La France, elle, a dû menacer de son veto un projet de levée des sanctions imposées à la Libye depuis treize ans pour que Tripoli cède. Soucieux de sa réinsertion au plus vite dans la communauté internationale, le «guide de la révolution» accepte alors un nouvel arrangement, dont les termes devraient être connus d'ici à un mois.
Pragmatisme. C'est d'abord à coups de dollars que le régime libyen s'est acheté cette bonne conduite, principalement auprès de Washington. Tripoli le reconnaît sans ambages. «Il nous faut ouvrir un dialogue avec l'Amérique et améliorer nos relations avec elle, parce que toute la région dépend de sa politique», déclarait en août Seïf al-Islam, le fils du colonel. Ce dernier renchérissait le 1er septembre : «A partir d'aujourd'hui, une nouvelle page est ouverte dans nos relations avec l'Occident.» Pourquoi ce soudain pragmatisme ? «Les Libyens, estime une source diplomatique, so