Santiago correspondance
Dans un bar pratiquement vide du quartier de Bellavista, Alfredo, un jeune expert-comptable, se veut philosophe. «Au moins, il y a un endroit ouvert ce soir. Lors de chaque 11 septembre, Santiago retrouve une ambiance de couvre-feu, et il est pratiquement impossible d'aller boire un verre.» De fait, les rues environnantes étaient étrangement désertes pour un jeudi soir. A l'instar des restaurants ou des bars, la plupart des théâtres ont préféré ne pas ouvrir lors de cette soirée du 11 septembre, traditionnellement marquée par de violents incidents. Et, si le centre de Santiago a finalement été épargné, plusieurs quartiers périphériques de la capitale ont, eux, connu les mêmes scènes de pillage et d'affrontements que d'habitude à l'occasion du trentième anniversaire du coup d'Etat contre Salvador Allende.
Malgré cette nuit agitée au cours de laquelle 24 policiers ont été blessés et quelque 300 personnes arrêtées, les forces de l'ordre ont dressé un bilan positif de la journée, en dissociant clairement les actes de vandalisme commis la nuit tombée des nombreux actes de commémoration pacifiques qui se sont déroulés pendant la journée dans le centre de la capitale. Le président de la République, Ricardo Lagos, a fait rouvrir une porte latérale du palais présidentiel de la Moneda, rue Morande. Cette issue, par laquelle avait été évacué le 11 septembre 1973 le cadavre de Salvador Allende, avait été condamnée lors de la reconstruction, après son bombardement p