Stockholm
de notre correspondant
Les Suédois ont voté non à l'euro, beaucoup plus largement que prévu. Le plus fervent avocat de la monnaie unique, le Premier ministre Goran Persson, a reconnu la défaite hier soir. 56,1% des Suédois ont voté contre l'adoption de l'euro et 41,8% en sa faveur. Seules la capitale Stockholm et Malmöe, la grande ville du Sud, se sont prononcées pour. Ni l'effort massif de campagne des dernières semaines, ni l'effet «vote de sympathie» qu'attendaient certains après le meurtre de l'égérie du camp du oui, la ministre des Affaires étrangères Anna Lindh, mercredi, n'ont donc suffi. Lars Leijonborg, président du Parti libéral, avait déclaré dans la journée qu'il se rallierait volontiers à l'idée d'avoir un portrait d'Anna Lindh sur les euros suédois. Cela n'a pas suffi. Hier soir, les premiers commentaires interprétaient le résultat comme un vote protestataire contre l'élite et une défiance en général à l'égard des politiciens, qu'ils soient à Bruxelles ou à Stockholm.
A reculons. Mais, d'une certaine façon, ce vote négatif n'est qu'une demi-surprise. En 1994, les Suédois étaient entrés dans l'UE à reculons. Leur pays traversait alors une grave crise économique, le chômage grimpait, le déficit budgétaire était énorme. «Nous n'avions pas grand-chose à perdre», note Peter Esaiasson, politologue à Göteborg. L'Union européenne représentait alors la voie du salut. Dès l'année suivante, 49 % des Suédois souhaitaient quitter l'UE, 38 % seulement voulaient y rest