Pékin de notre correspondant
Sur la feuille de papier qui tient lieu d'affiche, l'homme a soigneusement calligraphié son cri du coeur : «Si on ne met pas fin aux expulsions illégales des logements, où est la paix dans les foyers ?» Un slogan tendre pour un homme qui a la rage au ventre. Cela fait six ans que Lu Jun se bat pour faire valoir ses droits de délogé dans un faubourg de Shanghai. Six ans qu'il se heurte à un mur. Alors il est venu à Pékin pour tenter de porter plainte contre le gouvernement municipal de Shanghai, la métropole la plus moderne de Chine, qui s'est transformée de manière prodigieuse en quelques années, mais sans toujours respecter les droits de ses habitants.
A sa grande surprise, Lu Jun a rencontré à Pékin des dizaines d'autres Shanghaïens venus dans la capitale pour la même raison que lui, délogés en colère n'ayant pas trouvé d'autre recours que de tenter de porter plainte. Parmi eux, les victimes du dernier scandale financier qui a envoyé en prison l'homme le plus riche de la ville, Zhou Zhengyi, formellement inculpé de fraude début septembre. Les Shanghaïens en colère ont fait cause commune et tenté de protester ensemble : en vain jusqu'ici.
A deux reprises, début septembre, ces quelque 70 habitants de Shanghai, s'estimant victimes d'injustices, portant principalement sur le montant des compensations financières, ont essayé de déposer des recours au bureau des plaintes du Parlement et auprès d'une commission spécialisée du Parti communiste chinois (PC