Pékin de notre correspondant
Toujours officiellement communiste, la Chine est en passe de devenir le pays le plus inégalitaire au monde en matière d'accès à l'éducation. Tel est le verdict sans appel de Katarina Tomasevski, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'éducation, à l'issue d'une mission en Chine achevée samedi. Dépendant de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, la professeure Tomasevski s'est dite «très déçue» des réponses apportées par ses interlocuteurs officiels chinois à toutes ses remarques, qui seront consignées dans un rapport présenté au printemps prochain à Genève.
Fardeau. Les observations solidement argumentées de l'émissaire onusien premier rapporteur spécial autorisé en près de dix ans confirment ce que tout le monde peut constater en Chine : un fossé croissant entre une élite fortunée qui a droit à des écoles dernier cri, et les plus pauvres des paysans pour lesquels les frais de scolarité constituent un fardeau insupportable, privant des millions d'enfants, surtout les filles, d'un accès à un enseignement théoriquement obligatoire et universel pendant neuf ans. Un phénomène qui devrait s'accentuer avec la prochaine entrée en vigueur d'une loi sur l'enseignement privé qui, pour la première fois, introduit la notion de profit dans le monde scolaire.
Le principal grief de Katarina Tomasevski porte sur les dépenses publiques en matière d'éducation : «La Chine va se retrouver au bas de l'échelle de l'ensemble des pays du monde pour