Entre le mépris affiché par le général de Gaulle dans les années 50 pour «le machin» et l'indéfectible attachement pour l'ONU manifesté par Jaques Chirac, la France a parcouru un long chemin. Haut lieu du multilatéralisme si prisé par Paris, les Nations unies sont désormais une tribune privilégiée de la diplomatie française, comme l'a montré l'affaire irakienne, et le lieu par excellence où, à défaut de puissance, la France marque son influence.
«Circonspection». Loin d'il lustrer un virage, la défense de l'ONU, dont Paris s'est fait le porte-voix, couronne une évolution entamée dans les années 70. Jusque-là, très sourcilleux pour tout ce qui touche à la souveraineté nationale, le général de Gaulle ne supporte pas l'immixtion de l'ONU dans les affaires intérieures : il salue sa naissance en 1945 «avec sympathie mais non sans circonspection». Mais il est très vite exaspéré par les tentatives de l'organisation de se mêler de la crise algérienne que Paris considère de son ressort exclusif. Cette affaire réglée, les rapports vont toutefois peu à peu se normaliser. Même si le président Geo rges Pompidou s'insurge ensuite contre le rappel à l'ordre onusien face aux essais nucléaires français.
«La France considère que les instances multilatérales comme l'ONU confortent son intérêt national, explique Pascal Boniface, directeur de l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), chacun se complète mutuellement.» Aux côtés des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, Par