Kigali de notre correspondant
Pendant près de huit ans, Odette a tout ignoré du mal qui la rongeait. A 46 ans, cette Rwandaise au visage décharné n'hésite plus à parler de sa maladie. «J'ai appris ce que j'avais en décembre 2001. Avant, je ne connaissais même pas l'existence du sida, je me faisais soigner pour de petits ennuis de santé, mais personne ne m'avait jamais fait de test», explique-t-elle en regardant le plafond de ses grands yeux ronds. Sa voix s'étrangle seulement lorsqu'elle raconte comment elle a contracté le VIH. Comme de nombreuses Rwandaises, Odette a été violée pendant le génocide de 1994. Selon Avega, l'association des veuves du génocide, près de 70 % des rescapées ont subi des violences sexuelles pendant les massacres. Aujourd'hui encore, certaines d'entre elles meurent du virus transmis par les bourreaux qui ont tué leurs proches.
Survivre. Dans une pièce exiguë, où il y a à peine la place pour un lit, un lavabo et un bureau couvert de médicaments, Rose Mukamusana s'occupe d'Odette et des autres femmes séropositives prises en charge par Avega. «Ces trois dernières années, de nombreuses femmes infectées en 1994 sont mortes, explique-t-elle. Non seulement elles n'ont pas accès aux soins, mais en plus elles manquent de moyens pour vivre.»
C'est le cas de Véronique. Comme Odette, elle a été testée séropositive en 2001. Malgré sa faiblesse, elle doit subvenir aux besoins de ses quatre petites soeurs, orphelines depuis le génocide. Lorsqu'elle a découvert sa mala