Kandahar, Kaboul envoyé spécial
Les géomètres indiens et turcs, en chemisette, veste orange et pantalon bien repassé, qui arpentent cette route de tous les périls, lancent régulièrement des coups d'oeil ombrageux sur l'horizon. La présence de gardes armés afghans qui battent nonchalamment la semelle à leurs côtés n'a pas de quoi les rassurer. Les 1 700 ouvriers et ingénieurs afghans, indiens, turcs, américains et japonais chargés d'asphalter les 482 kilomètres de la route Kandahar-Kaboul ont été depuis le début des travaux, en avril, la cible de dizaines d'attaques de la part des talibans. Comme si leur travail sur ce ruban de ruines et de danger n'était pas assez difficile ! Les morceaux de piste sont noyés sous un nuage de poussière étouffante, les tronçons où l'asphalte tient encore sont éventrés par les obus. Et les accotements sont minés.
Stigmates. Là où six heures de voiture suffisaient dans les années 70 pour relier Kaboul à la capitale du Sud, il en faut treize de pénible slalom entre ces stigmates laissés par vingt-trois ans de guerre, les caravanes de chameaux et les ruades d'innombrables camions de transport bariolés aux chargements défiant la pesanteur. La remise en état de ce trait d'union entre les ethnies déchirées du Nord et du Sud les Tadjiks, qui dominent le gouvernement, et les Pashtouns, majoritaires dans le pays mais marginalisés est une priorité du gouvernement afghan. Financé par l'agence américaine de développement Usaid à hauteur de 250 millions d