Bagdad envoyée spéciale
Il est allé au commissariat de police d'El-Khadra, à Bagdad, et, en moins de deux minutes, il a cherché noise au gradé le plus susceptible. Exprès. Dans la poche, il avait un couteau. Exprès. Un Irakien de 20 ans, une grande lame, une allure exaltée. Il s'est retrouvé sous les tentes surpeuplées des camps-prisons américains. C'est ce que voulait Issam Haider. Ce garçon, qui a milité contre les crimes de Saddam Hussein au Kurdistan dans une association microscopique et secrète, a lancé à la chute du régime un autre groupe contre «les mauvais comportements des forces d'occupation». Il n'est pas le seul. Comme tout ce qui était cruellement interdit, journaux ou partis, ce genre d'organisations se multiplient maintenant avec une telle frénésie que tout le monde en a perdu le compte.
Des associations ? Les droits de l'homme ? Les forces américaines ont d'abord vu dans ce mouvement un élan brouillon peut-être mais enthousiaste vers les valeurs qu'elles pensent représenter. Ne viennent-elles pas de nommer à Bagdad un ministre des Droits de l'homme ? «En tout cas, nous pensions que tout cela contribuerait à de grandes enquêtes contre Saddam et ses charniers», explique une jeune gradée de Floride, impliquée dans ce secteur. Assez vite, il a fallu se rendre à l'évidence. Ces activités dénoncent, pour la plupart, les forces de coalition elles-mêmes.
Huit commissions. Le phénomène se mesure à l'oeil nu, dans les files d'attente douloureuses et obstinées qui zigz