«Les disparus ? Ils ne sont pas dans ma poche...» C'était en 1999, à Alger. Excédé par l'interpellation en plein meeting d'une mère de «dis paru», Abdelaziz Bouteflika l'avait violemment rabrouée en retournant les poches de son pantalon. Trois ans après, le 20 septembre, le Président va consacrer toute une allocution à l'annonce de la mise en place d'une commission ad hoc pour «la prise en charge de cette douloureuse question». Et de compatir avec «l'attente angoissée des familles auxquelles je ne manque pas de renouveler ma solidarité et ma sympathie».
Présidente de SOS Disparus, Nacéra Dutour se fâche. «Il n'y a qu'une chose vraiment nouvelle, c'est l'approche de l'élection présidentielle d'avril. C'est très bien de dire que "l'Etat doit assumer ses responsabilités", mais quel crédit y accorder quand le chef de l'Etat ne fait aucune allusion à la responsabilité directe des forces de sécurité et prévient que le mécanisme envisagé "ne peut être une commission d'enquête" ? En fait, il s'agit de clore rapidement le dossier en incitant les familles à parapher de faux avis de décès et à accepter une indemnisation, comme on le fait discrètement depuis près de deux ans.»
Enfoncer le clou. La question des responsabilités est évidemment tout l'enjeu dans ce pays où la haute hiérarchie militaire, qui détient le véritable pouvoir, est accusée de massacres et d'enlèvements de milliers de civils depuis le début des affrontements avec les islamistes, en 1991. Or, en la matière, l'attitude