Le lieutenant-colonel S., chargé d'expliquer le bien-fondé de la «barrière de séparation» (guéder haafrada) controversée, est plein de bonne volonté : «Ne soyez pas timides. Posez toutes vos questions !» La visite est organisée par l'armée, le long de la portion de la barrière qui s'étend de Qalqiliya à Tulkarem, avec un détour par la colonie, tracée au cordeau, d'Alfé-Ménaché. Etape obligée sur son promontoire qui domine la côte israélienne : les gratte-ciels de Tel-Aviv sont à 10 km à vol d'oiseau, Qalqiliya, en territoire palestinien, Kfar Saba, Tira, Qalansouwa, Taybeh, Kokhav Yaacov, en Israël, se déploient au pied de la butte. La démonstration est tranquillement assumée : le coeur d'Israël est à portée de tir : «C'est bon que vous voyiez de vos propres yeux !»
Les maîtres mots de l'officier sont : «obstacle» contre les attentats-suicides, contre l'introduction d'hommes, d'armes et d'explosifs, à partir des territoires palestiniens vers les villes arabes de cette région (le «Triangle»), où ils pourraient se fondre dans la population. Et, surtout, «minimiser», qu'il répète à tout propos : «Minimiser les attentats, minimiser les torts portés à la population palestinienne englobée à l'intérieur de la clôture. Nous ne sommes pas contre les Palestiniens, mais contre le terrorisme.» Il assure : «Jusqu'à l'Intifada, nous n'avions pas besoin de cette clôture. Nous avions de bonnes relations, 200 000 Palestiniens venaient travailler en Israël.»
Enclaves
Beaucoup, Palestiniens comme colons,