Hameln, Gifhorn envoyée spéciale
Sans ses barreaux aux fenêtres, Hameln pourrait être une école avec son internat, ou une cité universitaire. Des petits bâtiments de trois étages dans un parc, un stade de football, un centre horticole, des ateliers de peinture et de réparation de voitures. Posé au milieu des champs en 1980, Hameln, à 70 km de Hanovre, accueille 630 détenus âgés de 14 à 21 ans. L'endroit se voulait un centre de détention moderne, axé sur la réinsertion professionnelle plutôt que sur la répression. Le récent afflux de détenus allemands d'origine russe, les «Russen deutsch» (les Russes allemands) comme on les appelle ici, a chamboulé ce bel ordonnancement.
Wolfgang Blum, qui travaille dans cette prison depuis 25 ans, n'avait jamais vu cela. «Et pourtant on a tout eu ici : des Yougoslaves, des Albanais, des Africains et évidemment beaucoup de Turcs. Ils sont gentils les Turcs. Ils sont propres et polis. Mais avec les Russen deutsch, il n'y a rien à faire. En l'espace de trois ans, ils ont réussi à instaurer une véritable culture parallèle avec des règles qui se rapprochent d'un fonctionnement mafieux. Ils ont leur propre règlement, parlent uniquement russe, refusent totalement de coopérer avec nous. Ils peuvent être très violents. La dernière fois qu'un jeune Russe allemand a accepté de parler à la télévision, les autres l'ont choppé à un atelier du matin, et l'ont passé à tabac. Cela s'est passé tellement vite qu'on n'a rien pu faire. Sa famille a été obligée de