Bagdad envoyé spécial
Pour la deuxième fois en quatre jours, des soldats américains et des policiers irakiens ont tiré sur une foule désarmée au centre de Bagdad. Mercredi, c'était des jeunes chômeurs venus réclamer une embauche dans la police et renvoyés chez eux sans ménagement (Libération du 2 octobre). Samedi, c'était au tour de soldats démobilisés venus toucher leur solde. Le même jour, un scénario similaire s'est produit à Bassora, dans le sud du pays, où les soldats britanniques ont tué un policier irakien par erreur. A chaque fois une foule qui n'a, a priori, rien contre l'occupation américaine se retourne en quelques minutes et prend à partie les policiers irakiens qui symbolisent un arbitraire honni. Plus inquiétant encore : la plupart des manifestants de samedi, tout comme ceux de mercredi, sont issus des classes défavorisées chiites, ceux-là mêmes qui attendent le plus de la présence américaine.
Payer ses dettes. Comme des milliers d'autres simples soldats démobilisés après la guerre, Abbas Jassem est au chômage. Il est venu samedi dès l'aube toucher la solde promise par Bremer, l'administrateur civil américain, après les manifestations de juin : 40 dollars pour les deuxièmes classes, 50 pour les premières classes. Dans son cas, cela fait 200 dollars, quatre mois de solde qui lui permettront de payer ses dettes et de «tenir vingt jours, une misère». Tous les jours, ce sont 3 000 à 4 000 ex-soldats, déguenillés, qui se pressent devant les grilles de l'ancien aéropor