Menu
Libération

Mugabe fait taire les voix discordantes

Article réservé aux abonnés
Le seul quotidien privé du Zimbabwe a été interdit de publication.
publié le 6 octobre 2003 à 1h16

Johannesburg

de notre correspondante

Le gouvernement zimbabwéen est finalement parvenu à faire taire le Daily News, le seul quotidien privé du pays. Le journal aux 900 000 lecteurs, très critique à l'égard du régime de Robert Mugabe, s'est vu refuser, le 12 septembre, l'autorisation de paraître par la commission gouvernementale des médias. Cet agrément est obligatoire depuis l'adoption d'une loi répressive sur l'information, promulguée après la réélection contestée de Mugabe, en mars 2002. En quelques jours, seize de ses journalistes ont été inculpés «pour exercice illégal de leur profession». Des dizaines d'ordinateurs ont été saisis au siège du journal par les forces de l'ordre.

Ce quotidien était dans le collimateur du pouvoir depuis des années. C'est le Daily News qui avait révélé les augmentations substantielles du salaire des ministres, alors que 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le journal avait aussi stigmatisé les dépenses, chiffrées à plusieurs milliers de dollars, de la première dame du Zimbabwe dans un pays à court de devises. Chaque jour ou presque, il dénonçait les violations des droits de l'homme. En janvier 2001, le ministre de l'Information, Jonathan Moyo, avait qualifié le Daily News de «menace pour la sécurité nationale». Quarante-huit heures plus tard, un attentat visait l'imprimerie du journal.

Humiliation. «Je n'ai plus peur, j'ai déjà été arrêté tellement de fois, confie John Gambanga, 49 ans, l'un des rédacteurs en chef du Daily News, j